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Asparagus - l'empreinte nature

Allée couverte de la rue des déserts : mousses et préhistoire

Allée couverte de la rue des déserts : mousses et préhistoire

Le 11 mars dernier, Asparagus – l’empreinte nature a guidé la nouvelle équipe de salariés de l’association Halage dans la visite de l’Allée couverte des déserts, seul site néolithique d’Argenteuil aménagé pour la visite. Le beau temps était au rendez-vous pour venir à la rencontre de Brundle, Fiacre, Alexandre, André, José, Steve et Gheorge, accompagnés par Nathalie.

Pour Asparagus, ce fut une nouvelle occasion de partager l’émotion ressentie dans ce site qui surplombe la Seine et qui offrait aux temps préhistoriques, un vaste panorama. Peut-être est-ce une des raisons qui a poussé les personnes, dont on dit qu’elles sont venues ici entre – 5000 et - 2500 avant JC, à choisir cet endroit.

On découvre une sorte de tunnel semi-enterré dans une pente, fermé par une grille métallique posée récemment. Ce mégalithe (monument en pierre) est une tombe découverte par un viticulteur argenteuillais en 1867. Fiacre demande comment faisaient ces hommes pour transporter d’aussi lourdes pierres, les historiens répondent qu’il est probable que celles-ci étaient roulées sur des troncs d’arbres. Les ossements trouvés ici (environ 300) n’étaient pas individualisés. Beaucoup d’objets ont également été retrouvés dans cette tombe : des coquillages, des perles et de longues lames en silex qui sont au musée de Nemours. Les sépultures comme celle-ci sont très utiles pour s’interroger sur le mode de vie de ces personnes car la très forte urbanisation a fait disparaître beaucoup de choses. De plus, les éventuelles constructions n’ont pas survécu au temps car elles devaient être en bois. L’allée en pierre était sans doute bouchée par une pierre creusée en son centre, comme celle trouvée dans le Vexin. A Argenteuil, une autre allée existe sur un site industriel de la voie des bans. Pendant longtemps on a cru que ces monuments avaient été construits par les Gaulois. Il faut dire que les chercheurs des « sociétés savantes » qui ont vu le jour au 19ème siècle étaient souvent pédants et ridicules. Le dessinateur argenteuillais Alfred Robida a réalisé des caricatures dont certaines sont reproduites sur ses panneaux situés sur le site. Ce lieu nous incite à échanger sur ce « début du monde » et à nous interroger sur les liens avec ce qui est écrit dans la Bible. Les civilisations égyptiennes étaient déjà accomplies vers -3000 avant JC. Grâce aux photos des œuvres d’Elisabeth Daynès, une sculpteuse française (La Revue Durable n°56), nous pouvons nous représenter les regards de ces premiers hommes et femmes.

Allée couverte de la rue des déserts : mousses et préhistoire

Et maintenant, place aux mousses, ces bryophytes qui embellissent et adoucissent les nombreuses orthostates (grandes pierres plates) du site. Nous nous intéressons aux sporogones visibles en cette saison, ces petites coiffes posées sur un fil qui surplombent des mousses. Celles-ci ne font pas de graines, leurs fleurs mâles et femelles échangent leurs gamètes qui « nagent » les unes vers les autres quand il pleut. Le sporogone (issu d’un pied femelle) libère des spores et un filament voit le jour sur un support, ses bourgeons deviendront de nouveaux « pieds ». Nous nous distrayons avec une recette de cuisine : broyer des mousses propres avec de la bière, du sucre et du yaourt pour peindre de la brique ou du béton poreux et favoriser l’installation de mousses. Ce sont des techniques utilisées en land art, l’art de fabriquer des objets artistiques avec des éléments de la nature.

Allée couverte de la rue des déserts : mousses et préhistoire

Nous terminons par une discussion sur les mousses et la pelouse, ne sommes nous pas entre personnes intéressées par les jardins ? La mousse est souvent exterminée au sulfate de fer. Or ce produit, inefficace car les mousses réapparaissent, est dangereux pour les animaux domestiques et polluant (il tue les poissons). La mousse n’étouffe pas l’herbe des pelouses, elle prend sa place lorsqu’elle pousse mal dans des sites trop ombragés ou humides. Nous convenons de la beauté de la mousse et de son utilité : elle abrite des insectes et les oiseaux l’utilisent beaucoup dans leurs nids. Elle a donc « tout bon » pour qui se soucie de biodiversité.

Allée couverte de la rue des déserts : mousses et préhistoire

Nous conseillons vivement la lecture du guide vigie nature : initiation à la bryologie de Sébastien Leblond et Annabelle Boucher (2011), nous avons aussi utilisé le site du naturaliste Eric Pensa.

Anne Gellé, animatrice environnement

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